L’Anneau du Nibelung, l‘œuvre la plus monumentale de Wagner, est constituée de quatre
opéras, l’Or du Rhin, la Walkyrie, Siegfried et le Crépuscule des Dieux.
L’Or du Rhin constitue le prologue de l’ensemble et dure environ deux heures et demie en continu. Les trois
autres opéras sont chacun en trois actes et durent chacun quatre heures (davantage encore pour le Crépuscule des Dieux).
L’Anneau du Nibelung est parfois appelé en français la Tétralogie, ou encore le Ring,
condensé du titre allemand der Ring des Nibelungen. Un titre qu’il ne faut surtout pas traduire
(comme cela l’est parfois à ce qui se lit…) par l’anneau des Nibelungen, ce qui constituerait à la fois une faute
d’allemand élémentaire et un contresens profond par rapport à la signification de l’œuvre.
Yuri Vorobiev
Par contre, pas d’accès direct à cette aérogare depuis le RER.
Utile pour rédiger mes notes de voyage au jour le jour… et aussi pour m’occuper les soir où il n’avait pas d’opéra
L’état du Burggrafenburg après les bombardements (photo exposée dans le donjon)
Quelques jours après mon retour de voyage, la ville de Nuremberg a été victime
de précipitions catastrophiques, entraînant l’inondation d’axes autoroutiers ainsi que des voies du S-Bahn (le RER
local). J’ai heureusement pu échapper à ces intempéries extrêmes.
Les perturbations dans les transport pour cause de travaux sont le lot des mois estivaux, en Allemagne comme à Paris.
J’ai eu la chance de ne pas être gêné par cela au cours de mes deux voyages à Bayreuth, mais j’ai craint à un moment que ce soit le cas, notamment le
jour de mon retour en France. Il y avait des affiches en ce sens et qui concernaient le métro de Nuremberg, je les ai soigneusement étudiées pour finalement
déduire que la portion de ligne que je devais emprunter (pour gagner l’aéroport) n’était pas concernée.
Le Roter Main, c’est-à-dire le Main rouge. Le Main est un affluent du Rhin qu’il rejoint à Wiesbaden, il est constitué
en amont du Roter Main et du Weißer Main (le Main blanc). Son affluent la Regnitz est une rivière beaucoup plus grosse (une anomalie géographique similaire
avec ce que l’on connaît en France avec l’Yonne ou l’Allier).
Il est notamment difficile de trouver où dîner si l’on s’y prend trop tard.
Je me suis fait « avoir » en particulier le samedi soir après l’Or du Rhin (ce spectacle étant en continu,
les restaurants de la Colline verte étaient fermés). Je suis arrivé en ville après 21h et je n’ai rien pu y trouver.
J’aurais à la rigueur pu me contenter d’une barraque sur la Maximilianstraße qui vendait de la malbouffe hongroise.
Le problème ce soir là venait d’une sorte de festival de musique pop qui se tenait non loin de là, en plein centre-ville,
et qui rendait l’endroit absolument intenable.
Les fameux Jeux d’eau à la villa d’Este, que j’eus l’heur d’ânonner au début des années 1990.
Ce n’est pas tout à fait exact : l’espace d’exposition sur les festivals propose un alignement de casques audios
permettant bien évidemment d’entendre de la musique de Wagner. Mais c’est au choix du visiteur.
En 2019 j’avais toutefois constaté une exception à cette règle : dans un des salons de l’hôtel Arvena se trouvait une chaîne hifi diffusant en
boucle et mezza vocce, les opéras de Wagner dans leur intégralité (j’avais reconnu, notamment, des passages de Tristan et des Maîtres Chanteurs).
Il n’y avait d’ailleurs jamais personne dans ce salon, et les festivaliers ne semblaient pas prêter à cette animation le moindre intérêt. Toujours est-il qu’en 2023,
l’hôtel a renoncé à cette pratique, le salon en question étant fermé et demeurant inutilisé.
Parmi les souvenirs proposés, j’ai remarqué quelques fascicules destinés aux enfants afin de les initialiser Wagner dès le plus jeune
âge. Une intention louble à n’en pas douter, mais est-il vraiment possible d’intéresser les enfants à Wagner (surtout de nos jours), et est-ce cela aidera à terme à la survie du festival? Qui vivra verra.
Parmi les coffrets proposés, il y avait (à un prix conséquent évidemment) une intégrale de l’ensemble des opéras de Wagner, incluant les œuvres de jeunesse rarement jouées :
La Défense d’aimer (das Liebesverbot), les Fées et Rienzi. Je ne l’ai pas acheté, quoiqu’ayant un peu hésité. J’avais pu entendre les Fées
au Châtelet en 2009, une œuvre que je n’avais pas trouvée dénuée d’intérêt et où la « patte » de Wagner se faisait nettement sentir.
Par ailleurs je possède un enregistrement (piraté) de Rienzi (que je n’ai écouté qu’une seule fois dans son intégralité),
il s’agit d’un ouvrage interminable, de qualité inégale, parfois présenté à titre de boutade comme
« le meilleur opéra de Meyerbeer ». Pour ce qui est de la La Défense d’Aimer, qui est un opéra comique de 1834, je ne l’ai jamais entendue et je pensais qu’il n’en existait aucun enregistrement.
Fin 2018 j’avais dû me rendre dans mon agence bancaire pour effectuer le virement devant régler mon premier festival.
Il m’avait fallu dicter à la jeune employée de l’établissement l’adresse du Festspielhaus qui comportait les mots Grüner Hügel. Il va sans dire que ladite employée n’était
pas germaniste. J’avais dû lui faire recommencer trois à quatre fois avant d’obtenir d’elle une saisie correcte de cette adresse.
On en trouve des dizaines d’autres, sans prétentions à l’exhaustivité. Il suffit de regarder le plan de Bayreuth : Tristanstraße, Parsifalstraße, Isoldestraße,
Tannhaüserstraße, Höllanderstraße, Dalandweg, Sentaweg, Lohengrinstraße, Elsastraße, Wotanstraße, Kundryweg, Ortrudweg, Telramundweg, Levistraße (du nom du chef israélite ami de Wagner
qui dirigea la première de Parsifal)…
Prêt pour la représentation de Siegfried (8 août 2023)
Il semble que certaines personnes, faute d’avoir obtenu des places au festival, se déplacent sur la Colline simplement pour entendre les fanfares de
début d’acte. J’ai effectivement observé une famille avec enfants, française semble-t-il (et nullement endimanchée) qui semblait là uniquement dans ce but
Pendant l’Or du Rhin une personne âgée n’a pas pu supporter les 2h30 de spectacle ininterrompu.
Elle a dû sortir de la salle (de façon peu discrète, dérangeant toute son allée au passage), sans évidemment pouvoir rentrer.
Albert Lavignac, Le voyage artistique à Bayreuth, nouvelle édition (1951). Je possède un exemplaire de ce livre que j’avais apporté à Bayreuth,
relisant avant chaque spectacle le résumé détaillé de l’œuvre que j’allais entendre.
J’étais toutefois placé assez loin de la scène ce qui m’a nécessité de suivre la quasi totalité des spectacles à la jumelle.
Je sais m’être trompé au moins une fois.
Le rôle du Waldvogel, le plus bref de toute la Tétralogie (quoique assez spectaculaire), est sans doute le seul rôle wagnérien qui
puisse être tenu par une cantatrice n’ayant pas un physique de walkyrie…
Second séjour à Bayreuth
Assister au festival de Bayreuth en
2019 avait été à l’époque un grand moment, dont j’étais encore plus
satisfait quelques mois après, alors que nous nous trouvions tous
enfermés entre quatre murs et que le festival suivant — pour la première
fois depuis la guerre — se trouvait annulé. Même si mon goût pour
Wagner ne vient pas de ma famille, j’ai commencé à m’intéresser à ce
compositeur dès la fin de mon adolescence. L’œuvre de Wagner est un
monde en soi auquel il est difficile de s’initier, et que j’avais abordé par le Vaisseau
Fantôme et Tannhaüser, de ses ouvrages probablement les plus faciles à appréhender, étant plus classiques et plus
proches de Weber et de son Freischütz que j’écoutais souvent
à
l’époque. Un choix qui peut paraître logique mais que j’ai tendance à
renier maintenant, ces deux opéras de Wagner étant ceux que j’apprécie
dorénavant le moins. Les œuvres plus tardives du Maître me rebutaient, me
paraissant à l’époque succession interminable de récitatifs, de
chromatismes et de sonneries de cuivres tonitruantes, dépourvues de mélodies, de chœurs, et même
d’action, bref, de tout ce qui peut aider un auditeur débutant à
se familiariser avec un opéra. L’Anneau du Nibelung en particulier et
ses quinze
heures de musique, véritable Himalaya de la musique classique, me
paraissait alors aussi inaccessible que l’Annapurna aux alpinistes de
1950. Je n’en connaissais que quelques extraits symphoniques gravés sur
deux disques laser que mon père — qui pourtant goûtait peu Wagner —
m’avait un jour offert. On pouvait y entendre, bien sûr, l’inénarrable
Chevauchée des Walkyries (j’ai failli écrire « vache qui rit »), les
Murmures de la Forêt, l’Entrée des Dieux au Walhalla de la fin de l’Or
du Rhin, le Voyage de Siegfried sur le Rhin et la Marche Funèbre du
Crépuscule des Dieux. Extraits symphoniques qui constituent une pâle
entrée en
matière, on n’y découvre rien du chant wagnérien qui est si particulier, cela
contribuerait plutôt à renforcer les préjugés sur Wagner (tonitruant,
sans mélodie, etc…). Mais j’ai quand même pu, à cette occasion,
découvrir quelques petites choses du Ring — notamment certains leitmotive
comme l’Épée ou la Malédiction qui se retrouvent dans plusieurs de ces
extraits, et même qu’il existe une sorte de lien musical entre eux.
J’ai rencontré peu d’autres amateurs de Wagner au cours de ma vie,
peu de personnes avec qui j‘aurais pu partager ce centre d’intérêt. La
tendance de
fond est que parmi les amateurs de musique classique (déjà très
minoritaires, et de plus en plus, dans notre pays), les amateurs d’opéra
constituent un sous ensemble au sein duquel les « wagnérophiles » sont
une petite minorité. D’aucuns diront qu’il en est de même de
tous les genres de musique; mais peu de compositeurs à mon sens
suscitent autant de rejet que Wagner. Le déclic est peut-être venu chez
moi d’un camarade de l’X, dont j’ai d’ailleurs oublié le nom, qui
logeait à mon étage et qui avait pour habitude de travailler en écoutant
du Wagner. Je ne sais pas comment il faisait, d’ailleurs ça me
faisait plutôt rigoler, mais cela a été aussi une véritable révélation. Car ce
qu’il écoutait (le plus souvent) c’était la véritable chevauchée des
Walkyries, celle avec les voix, l’inimitable Walkürenruf,
qui donne à ce passage toute sa force et tout son caractère. Rien à voir avec la
version instrumentale, pâle succédané de la version chantée, simple musique d’accompagnement en dépit de ses
cuivres pléthoriques, mais malheureusement presque universellement
diffusée sous cette forme et même recyclée dans certain film américain de
caniveau.
J’ai quand même mis du temps pour « entrer » dans le Ring. J’ai acheté le coffret
dès le début des années 1990, au Virgin
des Champs-Élysées (magasin depuis longtemps disparu) dans l’une des meilleures versions, celle
de Karl Böhm enregistrée en 1967 à Bayreuth; puis l’Avant-Scène-Opéra, que j’ai
potassé des années durant; et enfin, plus tardivement, la partition
d’orchestre intégrale que j’ai annotée consciencieusement pour y
repérer chaque leitmotiv.
J’ai assisté à plusieurs intégrales à Paris, une première au Châtelet en
1994, dirigée par Jeffrey Tate, et qui reste à ce jour mon meilleur
Ring. Les séances commençaient en milieu d’après midi, mais comme
j’étais alors étudiant en thèse je pouvais m’absenter sans rien dire à
personne. Il y a eu ensuite un second Ring, toujours au Châtelet, en 2005/2006 avec Christoph Eschenbach
(avant que cette salle, hélas, ne sombre dans la variété et ne devienne
infréquentable), puis un troisième à l’opéra Bastille en 2010/2011 dont
j’aime autant oublier la mise en scène. Et enfin, une version de concert
à la Philharmonie en 2018 que j’ai également trouvée mémorable en dépit
des défaillances de Wotan à la fin de la Walkyrie. Version
magnifiquement interprétée par l’orchestre du Mariinsky de
Saint-Pétersbourg dirigée par l’irremplaçable Valery Gergiev, lequel m’a
quelques années durant offert de remarquables soirées dans cette salle
excentrée, avant d’en être scandaleusement exclu pour de basses raisons
politiques. Depuis lors, bizarrement, je vais beaucoup moins souvent à
la Philharmonie…
Mais revenons à Bayreuth et au Ring : mon voyage de 2019, au cours duquel
j’avais pu entendre trois ouvrages majeurs de Wagner, à savoir Lohengrin, Parsifal, et enfin Tristan et Isolde,
m’avait subjugué tout en me laissant un peu sur ma faim. Car il
manquait bien évidement à cette liste, le Ring, l’ouvrage pour lequel la
salle avait été construite et pour lequel je m’étais bien promis de
revenir un jour. Un jour dont je ne pensais pas qu’il surviendrait si
vite. Car il est de notoriété publique qu’il est difficile d’assister
au festival de Bayreuth, le nombre de demandes excédant plusieurs fois
le nombre de places. Le Festival applique pour les attribuer une politique
relativement équitable (en dehors, bien évidemment, des passe-droits
inévitablement attribués à quelques crapules dans le genre de von der
Leyen). Il faut faire une demande chaque année, patiemment, en précisant
à chaque fois les spectacles auxquels on souhaite assister. Pourvu
d’avoir été persévérant et de ne pas avoir oublié une année, chacun est
sûr à 100% d’obtenir satisfaction à la fin. Au bout de combien de
temps, là est la question. Pour le festival de 2019, je pense que j’ai
dû formuler 5 ou 6 demandes. Pensant ensuite attendre un peu, je n’ai
pas effectué de demande en 2019, ni en 2020 (le festival de 2021 étant
réservé aux spectateurs de l’édition annulée de 2020), ni non plus en
2021 en raison du passeport sanitaire et de mon choix de ne pas me faire
vacciner. J’ai donc renvoyé ma première demande fin 2022, pariant sur
le fait qu’ils n’en remettraient pas une couche avec le Covid… Demande
qui a donc été acceptée, à ma grande surprise. Est-ce que les personnes
étant déjà venues une fois bénéficient d’un privilège, ou bien est-ce un
effet de la crise de Bayreuth? Car oui, il y a bien crise à Bayreuth
où les demandes diminuent paraît-il d’année en année (on notera au passage que le
prix des places n’est pas exorbitant pour un festival d’opéra, pour le
Ring j’ai payé 4 fois 260 €). Des places sont maintenant proposées pour des
soirées du Ring isolées, et il y a même eu des invendus, chose jusqu’alors
impensable (j’ai ainsi constaté quelques places vides pour Siegfried).
On peut trouver un plusieurs explications à cela, le fait est qu’il y a
de moins en moins d’amateurs de classique, de lyrique, et que Wagner
ne s’aborde pas en quatre matins (je suis bien placé pour le savoir, même si, probablement,
nombreux sont ceux parmi les spectateurs qui ont été initiés à Wagner dès l’enfance). Il y a
aussi l’inanité de nombreuses mises en scène, pour ne parler de leur laideur,
malheureusement là-dessus Bayreuth
ne fait pas exception et n’a rien à envier à par exemple l’opéra
Bastille — j’aurais l’occasion d’y revenir. Ce serait là, à mon avis, la
première chose à revoir dans l’organisation du festival mais j’ai peur
que ce soit pas la voie que choisissent les organisateurs, faisant déjà
entendre le petite musique de « l’accueil d’un plus large public ». Le
wokisme fait des ravages à Bayreuth comme ailleurs, leur rêve étant bien
évidemment de faire venir sur la Colline Verte des hordes de jeunes de
banlieue afin de « refléter la composition de la société ». Exactement
ce qu’il s’est passé au Châtelet il y a vingt ans, j’y ai déjà fait
allusion, on a d’abord vu des classes de collégiens bigarrés installés —
aux frais du contribuable — au milieu des spectateurs dans les
catégories moyennes. Leurs places étaient en théorie éparpillées, mais
il s’arrangeaient pour se regrouper, et — l’opéra les ennuyant
profondément, bien évidemment — ils passaient leur temps à s’agiter en
gâchant littéralement la soirée de ceux qui avaient payé leur place. La
suite logique n’a pas été, bien évidemment, de renoncer à cette idée
funeste, mais de modifier la programmation pour s’adapter à ce nouveau
public, il n’y a donc plus d’opéra ni même de classique au Châtelet et
je n’y mets plus jamais les pieds. On peut donc s’attendre aux mêmes
travers à Bayreuth, ils vont commencer par ouvrir la salle à d’autres
répertoires (et pas uniquement la IXe de Beethoven), ensuite
ce seront des spectacles de variétés, et puis comme ils n’arriveront
plus à remplir la salle pour des œuvres de Wagner qui durent quatre
heures ils arrêteront Wagner. Das Ende, comme le clame Wotan à l’acte II de la Walkyrie. J’espère avoir été trop pessimiste…
Nuremberg
Mon second voyage à Bayreuth a été une réédition du premier par bien
des égards : même mode de déplacement (voyage individuel, déplacement en
avion jusqu’à Nuremberg puis en train); même hôtel à Bayreuth que la
première fois (pourquoi changer?). Entre les spectacles, beaucoup de
rééditions dans les visites. Et aussi, malheureusement, une météo aussi
exécrable que la première fois. La principale différence a été la
longueur du séjour (presque une semaine), puisqu’à Bayreuth les soirées
du Ring ne sont jamais consécutives. Et puis, afin d’éviter le stress du
voyage et la mésaventure que j’avais eue la première fois, j’ai
réservé mon avion la veille du premier spectacle, passant une première
nuit à Nuremberg. J’ai aussi réservé un bagage en soute, ce qui m’a
permis d’emporter davantage de choses, incluant notamment un ordinateur
portable ainsi qu’un appareil photo réflex (et donc de prendre tout de
même de plus belles photos que la première fois). J’ai choisi en outre un vol
direct, par la
compagnie Hop, filiale d’Air France. J’ai pu à cette occasion découvrir à
Roissy le petit terminal 2G dont je ne soupçonnais pas l’existence, une
aérogare à taille humaine, quasiment réservée à la compagnie nationale.
Dans l’avion, malgré la brièveté du vol, un petit en-cas gratuit, je ne savais pas que cela se pratiquait encore.
Donc une première journée passée à Nuremberg, après avoir non sans
mal déposé mes bagages à la consigne de la gare. Mes premières
pérégrinations dans la ville ont suivi peu ou prou le même itinéraire
qu’en 2019, avant que je m’en rende compte et décide de m’en écarter.
Évidemment
la météo était ce qu’elle était; mais les rares éclaircies offraient
tout de même, parfois, des éclairages intéressants. Ci-dessus les
remparts de la ville ainsi que le petit quartier du Handwerkerhof
Nürnberg (une usine à touristes dans laquelle je ne me suis pas attardé).
Ensuite la Königstraße, l’artère qui conduit à l’église Saint-Laurent
(St.Lorenzkirche).
Erdbeeren signifie fraises en allemand : tout bon germaniste sait cela!
À gauche une tour située devant l’église St.Lorenzkirche (à l’angle
de la Karolinenstraße); à droite un détail des sculptures de cette même
église.
Ce prestidigitateur (photographié le lendemain matin) faisait de la
lévitation devant l’église (j’ai pris la photo discrètement sans donner
de pièce). Il y a un trucage, bien évidemment. Il restait en place (tout
en étant bien vivant…), je ne l’ai donc pas vu se mettre en position.
Ce n’est donc pas comme dans Tintin au Tibet…
Je suis ensuite entré dans la St.Lorenzkirche (église évangélique),
dans laquelle j’ai passé un certain temps, bien que l’ayant déjà visitée
en 2019. J’avais en effet une profonde motivation : cela me permettait
d’échapper à l’averse!
La musique d’orgue remplissait la nef au moment où je suis entré.
Chose rare, le buffet d’orgue n’est pas situé en hauteur mais au sol à
proximité de l’autel, j’ai donc pu discrètement photographier
l’organiste.
J’ai déjà photographié et présenté en 2019, l’annonciation à Marie, œuvre de Veit Stoß (1517-1518) suspendue au-dessus de la nef.
Autre élément remarquable, le tabernacle d’Adam Kraft (1493-1496). Le
sculpteur se serait lui-même représenté, à genoux supportant le balcon
de l’œuvre.
Cette sculpture fait plusieurs mètres de haut (adossée à un pilier),
il est quasiment impossible de la photographier intégralement. J’ai
tenté le panoramique vertical, le résultat a le mérite d’exister…
De retour à l’air libre, j’ai quitté l’itinéraire de 2019 pour suivre
(en partie) un parcours balisé dans la ville tel que décrit dans le
guide Vert. J’ai notamment été voir l’église Katharinenkirche, laissée à
l’état de ruines après la guerre. Elle faisait partie d’un couvent.
Si j’ai fait un détour par cette église, c’est que l’endroit
m’interpellait pour une raison très particulière : ce serait dans ce
couvent Sainte-Catherine que répétaient les maîtres chanteurs de
Nuremberg (lesquels ont vraiment existé, de même que le plus célèbre
d’entre eux, Hans Sachs, 1494-1576). Histoire de faire le lien avec le
sujet principal de cette page, puisque, rappelons-le, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg
est le titre d’un (magnifique) opéra de Wagner, interminable d’ailleurs, mais très différent
par ailleurs du reste de l’œuvre du Maître puisqu’il s’agit d’un opéra
comique. Très loin des cuivres grandiloquents et des chromatismes
exacerbés, on a ici affaire à une œuvre très légère, très subtile, et
même quasi-mozartienne par certains aspects. Je ne l’ai vue représentée
qu’une seule fois, à l’opéra Bastille en 2016 (un spectacle
inoubliable!), et c’est la dernière œuvre que j’aurais bien aimé
entendre à Bayreuth, même si je me méfie des mises en scène des
Allemands et de leur excessive propension à casser les codes, pour
reprendre le jargon à la mode.
Passage ensuite par l’ancien Hôtel-Dieu (Heilig-Geist-Spital), manifestement intégralement
reconstruit après les bombardements. Il est bâti sur une île ainsi que
sur une arche enjambant la rivière Pegnitz, à l’instar de ce qu’était
l’Hôtel-Dieu de Paris avant les méfaits du baron Haussmann.
Retour à l’itinéraire de 2019 avec la place Hauptmarkt où trône la
fameuse fontaine Schöner Brunnen (visible sur photo centrale ci-dessous
mais que je n’ai pas photographiée en gros plan;
on pourra se reporter aux photos de 2019). L’église catholique Frauenkirche
(Notre-Dame) qui jouxte la place et que j’avais visitée en 2019, était
cette fois ci fermée pour restauration (à droite ci-dessous).
Passage devant l’ancien hôtel de ville (Altes Rathaus) que je n’ai pas davantage visité qu’en 2019.
Puis, l’église évangélique St. Sebald, manifestement la plus
importante de la ville, dans laquelle je me suis une nouvelle fois
attardé (probablement encore pour des raisons météorologiques…). Cette
église est de style composite, romane dans la partie occidentale et gothique pour
le reste. Elle comporte en outre un double chœur (un à chaque
extrémité), ce qui semble être une spécialité de la région puisque l’on
retrouve cette particularité dans la cathédrale de Bamberg que je
visiterai quelques jours plus tard. Le tombeau du saint éponyme (Sébald
de Nuremberg, qui a vécu au XIIe siècle) se trouve dans la partie est.
Je me suis ensuite dirigé vers les hauteurs de la ville, dans le
quartier de la maison d’Albrecht Dürer, que je n’ai pas visitée. Ce
quartier renferme quelques maisons anciennes à colombages, semble-t-il
épargnées par les bombardements. Il était possible de pénétrer dans
l’une d’entre elle, la maison de Pilate (Pilatushaus),
en cours de restauration par une association mais d’accès libre. Depuis
les fenêtres du toit mansardé, on jouit d’une vue intéressante ainsi
que sur les remparts avoisinants (la vue générale de la maison est
tirée de Wikipedia).
D’autres vues du quartier et des remparts, en direction du château impérial (Kaiserburg)…
ainsi qu’un panoramique que j’ai pris un peu plus tard, depuis les remparts.
Je n’avais pas pu visiter le château impérial en 2019, les lieux
étant fermés, vraisemblablement pour restauration. J’ai pu combler ce
manque cette fois-ci. J’avais surtout envie de monter au donjon, mais
j’ai tout de même visité une partie du château et du musée qu’il s’y
trouve. En l’occurrence le Burggrafenburg, la partie la plus ancienne du
château, mais presque entièrement refaite en 1420, avant d’être très
endommagée par les bombardements et donc (outrageusement) restaurée après
guerre. Le musée retrace l’histoire du Saint-Empire romain germanique,
cet empire allemand millénaire qui a disparu au XIXe siècle. Empire qui n’avait pas de capitale, le Kaiser (l’empereur) voyageait beaucoup et possédait un château (un Kaiserburg) dans chaque grande ville.
Mes connaissances sur le Saint-Empire romain germanique sont je le
concède très parcellaires; mais qu’en est-il des jeunes Allemands?
J’ai eu l’impression que ce musée, surtout visité par des familles
allemandes avec de jeunes enfants (cela existe encore…), sert en
quelque sorte de palliatif aux carences du système éducatif pour tenter
de combler la méconnaissance crasse qu’ont aujourd’hui les Allemands de
leur histoire. Un peu à l’image chez nous du musée de l’histoire
militaire aux Invalides qui semble remplir une fonction similaire.
Cette sphère armillaire que j’ai photographiée dans le musée est sans
doute anecdotique et fort éloignée de la thématique de mon voyage;
mais j’y voyais un lien fortuit avec un autre voyage dont je rentrais
tout juste, dans l’archipel portugais des Açores. Une sphère armillaire
est une modélisation du mouvement apparent des astres dans le système
géocentrique (et donc faux) de Ptolémée. C’est surtout le symbole de
l’empire portugais au moment de sa toute-puissance, à savoir à l’époque
de Manuel Ier (qui régna de 1495 à 1521); on la retrouve sur
le drapeau portugais actuel. Mais je n’ai pas compris ce que faisait
cette sphère armillaire dans le palais impérial de Nuremberg.
Ensuite je suis monté au donjon (Sinwellturm), le point culminant de
la ville de Nuremberg. Datant de la seconde moitié du XIIIe siècle,
haute de 41 mètres (à une altitude de 389 mètres), elle a
miraculeusement échappé aux bombardements en dépit de sa position
surexposée.
Après ce panoramique, quelques photos détaillées :
La première photo ci-dessus, qui montre le quartier St.Sebald, pourra
être comparée avec ces deux clichés historiques exposés à l’intérieur
du donjon : celui de gauche montre le même quartier avant-guerre tandis
que celui de droite a été pris juste après les bombardements.
Ci-dessous l’escalier interne qui semble d’époque.
Il est possible semble-il de faire une partie du tour de la ville par les remparts, lesquels sont aménagés en jardin public (Burggarten).
J’ai commencé, mais je n’ai pas été très loin, commençant à fatiguer et
jugeant qu’il était temps de gagner mon hôtel (situé non loin de la
gare, mais côté sud, opposé à la vieille ville).
J’ai dîné en ville (pas très local…), et quand je suis ressorti j’étais content d’avoir pensé à mon parapluie…
Le lendemain était le jour du premier spectacle à Bayreuth, l’Or du Rhin.
Le plus bref des opéras de la Tétralogie (deux heures et demie sans
entracte), la séance commence aussi plus tard que les autres jours, 18
heures (au lieu de 16). Cela me laissait donc du temps pour effectuer encore
des visites à Nuremberg, d’autant que l’hôtel de Bayreuth avait spécifié
que les chambres ne seraient pas disponibles avant 15 heures. Mon idée
était donc de visiter ce matin là le fameux musée national germanique,
le « Louvre allemand » qui renferme paraît-il, entre autres, pléthore
d’œuvres d’Albrecht Dürer (1471-1528), célèbre peintre et graveur
allemand, la gloire de Nuremberg. J’ai commencé le matin par déposer de
nouveau mon bagage à la consigne, puis par prendre au distributeur un
billet de train pour Bayreuth. Mais sur le distributeur en regard de
l’horaire du train que je comptais prendre à la mi journée, figurait une
indication en allemand que je comprenais mal. Craignant que la
circulation de ce train ne soit perturbée, j’ai finalement opté pour un
train en fin de matinée, et de ce fait renoncé au musée pour aujourd’hui; je comptais alors retourner à Nuremberg pour le visiter le lundi
suivant, journée sans spectacle à Bayreuth. Sauf que (je m’en suis
aperçu le matin même, heureusement avant de quitter Bayreuth) le lundi
est le jour de fermeture hebdomadaire de ce musée. Réservant pour
l’excursion à Bamberg la seconde journée libre, celle du mercredi, qui
était la seule correcte du point de vue des prévisions météo, j’ai de ce
fait renoncé au musée national germanique… avec tout de même un peu de
culpabilité, à défaut d’une véritable déception car je concède que ce
genre de musée est pour moi davantage une épreuve qu’un plaisir.
In fine, j’ai surtout tué le temps au cours de cette dernière matinée
à Nuremberg. La ville était d’ailleurs peu animée à cette heure (nous
étions samedi). J’ai un peu marché le long des remparts à partir de la
gare. L’une des stations de métro est construite au même niveau que la
douve et est visible depuis celle-ci.
(Les photos de cette matinée, contrairement à celles de la veille et à
celles des jours suivants à Bayreuth, ont été prises avec un petit
appareil : pensant visiter le musée ce matin là, j’avais en effet laissé
le gros dans mon bagage à la consigne.).
Par curiosité, j’ai également été voir l’opéra de Nuremberg qui se
trouve à proximité (son dôme était visible la veille depuis le donjon du
château).
Retour ensuite à la gare, bien à temps pour attraper mon train. Ce
qui d’ailleurs n’était pas plus mal puisque ce dernier était bondé, avec
des gens debout. Le trajet pour Bayreuth dure 55 minutes, la voie n’est
pas électrifiée et traverse un beau paysage vallonné. La région est
paraît-il propice à la randonnée, mais je n’étais pas venu pour ça (de
toutes façons il aurait fallu une voiture, et en plus la météo n’était
pas franchement favorable).
La ville de Bayreuth
Je suis descendu à Bayreuth au même hôtel qu’en 2019, à savoir l’hôtel Arvena.
Assez cher mais bien situé, à dix minutes à pied du centre-ville — mon
GPS de randonnée m’a d’ailleurs aidé à optimiser le trajet pour m’y rendre,
j’empruntais une promenade cycliste aménagée le long du Roter Main, la rivière (canalisée) qui arrose Bayreuth. Il est également possible de se rendre au Festspielhaus
à pied, même si cette année je ne l’ai pas fait au moment des spectacles
(contrairement à 2019). Cet hôtel est entièrement dévolu aux
festivaliers, je ne sais d’ailleurs s’il fonctionne le reste de l’année.
Une heure avant le début de chaque spectacle, un transport est organisé pour la
Colline verte (la petite navette garée devant l’hôtel étant très
insuffisante, l’hôtel affrète également un gros bus urbain de
Bayreuth qui est plein comme un œuf).
Voici quelques photos de la ville de Bayreuth, prises tout au long de mon séjour. Ci-dessous le Roter Main (lequel porte bien son nom…)
après les fortes pluies du début de semaine, puis plus tard pendant mon séjour après que le niveau eut fortement baissé.
Ici les restes de remparts, que l’on peut découvrir en remontant
depuis la rivière. Photo prise en fin de séjour par une journée plus
ensoleillée.
La ville a beaucoup souffert des bombardements (quoiqu’un peu moins
que Nuremberg). En outre, chose que j’ignorais en 2019, elle a également
subi après-guerre des opérations urbanistiques qui auraient été plus
destructrices que les bombardements. Il subsiste toutefois un centre
historique assez agréable, avec une place et une grande rue piétonne, la
Maximilianstraße (le soir tout de même, et plus encore le week-end, l’animation tombe vite).
La fontaine Wittelsbacher Brunnen qui se trouve face à l’opéra des Margraves (Opernstraße) :
L’opéra des Margraves (Markgräfliches Opernhaus), auquel je viens de
faire allusion, constitue le joyau architectural de la ville de
Bayreuth, miraculeusement épargné par les bombardements. Cette salle
d’opéra baroque magnifiquement décorée, bâtie au milieu du XVIIIe
siècle sur commande de la princesse Wilhelmine de Bayreuth, est restée
inchangée depuis cette époque. Cette salle de 500 places était alors la
plus grande d’Allemagne, un rang qu’elle a conservé jusqu’à la seconde
moitié du XIXe siècle. Elle est inscrite au patrimoine de l’Unesco.
L’opéra des Margraves a longtemps été en restauration, au grand dam
des festivaliers qui ne pouvaient la visiter. Elle venait tout juste de
rouvrir lors de mon premier festival en 2019. Depuis, un musée a été
aménagé et la visite de la salle est intégrée dans celle du musée.
La salle est toujours utilisée de nos jours pour des représentations
d’opéra, sauf que… Wagner n’y a pas droit de cité. C’est exclusivement
le répertoire baroque qui est produit ici. Elle a pourtant bel et bien
un lien avec Wagner, puisque le compositeur avait envisagé de l’utiliser
pour y produire ses œuvres. Il y a d’ailleurs dirigé la IXe
symphonie de Beethoven au cours d’un concert mémorable. Ayant finalement
trouvé que la salle ne convenait pas à ses projets, il conçu et fait
construire le Festspielhaus, mais en conservant le choix de Bayreuth pour son implantation.
J’avais été frustré en 2019 de ne pouvoir photographier cette salle
dans des conditions satisfaisantes; étant venu avec un minimum de
bagages, je n’avais emporté qu’un petit appareil de piètre qualité.
Cette fois ci je m’en suis donné à cœur joie, même si les conditions de
prise de vue ne sont pas faciles (une salle laissée dans la pénombre
pour en conserver les peintures, et un éclairage néanmoins source de fort
contraste et de saturation sur les clichés).
Continuons la visite de Bayreuth avec le Château neuf (Neues Schloß),
datant également de la princesse Wilhelmine. Il renferme un musée que
pas plus qu’en 2019 je n’ai été motivé de visiter (et pourtant j’en
aurais eu le temps). Voici donc quelques photos d’extérieur.
Derrière le Neues Schloß se trouve le vaste jardin public de Bayreuth, le Hofgarten. Assez désert à l’heure matinale où je l’ai parcouru.
Je terminerai cette première partie de la description de Bayreuth
par le musée Franz Liszt, que j’ai de nouveau visité en 2023.
Comme la dernière fois, je l’ai trouvé bien plus intéressant que le
musée Wagner. Il y avait d’ailleurs davantage de monde qu’en 2019. Le
musée n’est pas très grand, et on entend pendant toute la visite, à
basse intensité, de la musique de Liszt, des œuvres pour piano qu’à
quelques exceptions près je ne parvenais pas à identifier. Voici mes clichés
de ce musée, avec dans l’ordre : 1) une gravure montrant Paris à
l’époque des grands travaux d’Haussmann; 2) la contribution de Liszt «
gamin de 14 ans », au concours de composition qu’avait lancé en 1819 le
compositeur Anton Diabelli, le fameux thème sur lequel Beethoven écrivit à la même époque
ses 33 variations. 3) Une gravure montrant Nantes vers 1845, avec la
tour du Bouffay disparue peu de temps après. Liszt y a en effet donné un
concert en décembre 1845. Cette illustration m’avait particulièrement
intrigué quand j’étais venu en 2019 (où je n’avais pas réussi à la
reproduire). 4) Une soirée chez Liszt à laquelle participaient Wagner et
Cosima (épouse de Wagner et fille de Liszt). 5) Un portrait du
compositeur Gioachino Rossini (parmi d’autres portraits de compositeurs) 6) La
transcription par Liszt du chœur des Pèlerins (Pilgerchor) de Tannhaüser de Wagner.
On notera que Liszt a transposé le passage en mi majeur, alors que dans l’opéra (et contrairement à l’ouverture),
il est donné en mi♭ majeur.
La présence de Wagner à Bayreuth
Je suis retourné, faute de meilleure occupation ce jour là, visiter
le musée Wagner. Il est organisé dans l’ancienne demeure du Maître, la
Wahnfried, ainsi que dans quelques bâtiments annexes.
J’ai de nouveau été déçu par ce musée, peut-être encore plus que la
première fois. La fréquentation déjà semblait avoir fortement chuté.
L’espace d’exposition sur les festivals, notamment, semblait péricliter. Ci-dessous, deux maquettes du Festspielhaus
(l’ensemble de l’édifice et la fosse), ainsi que des illustrations dues à Joseph Hoffmann des mises en scènes
originelles du Ring.
Quant à la maison de Richard Wagner proprement dite, elle ne semblait
pas avoir évolué. J’y ai retrouvé les mêmes objets que j’avais
photographiés en 2019.
Une chose m’a frappé en visitant ce musée : alors que le musée Liszt
est baigné dans la diffusion continue d’œuvres (pianistiques) de
l’auteur, celui de Richard Wagner est plongé dans un silence quasi
religieux. On n’y entend pas la moindre de note de Wagner! Plus généralement d’ailleurs, j’ai constaté qu’à Bayreuth on n’entend jamais de Wagner en dehors du Festspielhaus.
Au point de me demander s’il n’y avait pas quelque chose de délibéré
derrière cela, comme si la musique « sacrée » du Maître ne pouvait être
jouée que dans son saint des saints.
Ce qui n’empêche pas Wagner d’être omniprésent dans la ville (une
présence probablement pesante pour une partie de ses habitants). À
commencer par ces petites figurines un peu ridicules que l’on trouve à
tous les coins de rue, et jusqu’à la salle à manger de notre hôtel. J’en
avais pris une collection en 2019, mais je n’ai pu résister à la
tentation de recommencer.
(Évidemment le touriste λ s’assoit sur le banc et se fait
photographier en compagnie de Wagner). Je passerai sur les bibelots en
tout genre que l’on trouve chez les marchands de souvenirs (bustes,
boîtes à musiques, ouvrages, coffrets). J’en ai d’ailleurs rapporté
quelques uns, bien que mon appartement ne soit pas extensible.
J’imagine que ces « réponses sur Wagner » s’adressent aux habitants de la ville davantage qu’aux festivaliers.
Enfin, les noms de certaines rues qui sont assez connotés (du moins
dans le quartier du Festspielhaus); ici le croisement des
Nibelungstraße et Meistersingerstraße.
La Colline Verte et le Festspielhaus
Avant d’en venir aux représentations, voici quelques photos de la Colline verte (en allemand Grüner Hügel),
en haut de laquelle a été bâti le Palais des Festivals, parfois appelée
Colline sacrée par certains wagnérophiles. Les vrais wagnériens
devraient paraît-il la gravir à genoux. En tout cas, la première fois
que j’y suis monté en 2019, c’était en courant puisqu’il me restait
moins d’une demi-heure avant le début de la représentation de Lohengrin! Néanmoins pour toutes les autres représentations, c’est en bus que
j’y suis rendu, empruntant la navette affrétée par l’hôtel. On y perd
certainement un certain sens de la tradition (mais cela évite d’essuyer les averses). Les
photos ci-dessous ont été prises au matin du 10 août 2023, le seul jour
de (relatif) beau temps que j’ai eu à Bayreuth, avant la représentation du Crépuscule des Dieux. Je suis monté sur la colline à pied et j’ai pu prendre ces quelques clichés.
Le Palais des Festivals (ou Festspielhaus, j’ai déjà utilisé la
dénomination allemande à maintes reprises sur cette page) qui vu de
l’extérieur n’est pas un édifice extraordinaire.
Ce-dessous ce qui semble être une représentation allégorique de
l’Anneau (avec en arrière-plan, cette fort pesante exposition permanente
consacrée à l’antisémitisme de Wagner). Ainsi qu’un buste de Cosima
Liszt-Wagner. Ayant survécu presque cinquante ans à son époux, on lui
doit la pérennisation du festival de Bayreuth qu’elle dirigeait d’une
main de maître. Gardienne très stricte de la tradition, les décors des
représentations (en particulier Parsifal) sont restés inchangés, tels que son époux les avait conçus, tant qu’elle était en vie.
Quelques photos de ces mêmes lieux que j’ai prises juste avant les
représentations ou encore aux entractes. Les trois premières pour la Walkyrie et la dernière pour le Crépuscule des Dieux. On notera que le public n’est pas tout jeune et plutôt endimanché…
Je me suis même permis de photographier l’intérieur de la salle :
c’est en principe interdit, mais — même en Allemagne — tout le monde le
fait, du moins avant le début des représentations.
Les fanfares aux début des actes
Une tradition immuable du festival de Bayreuth : l’appel du public
avant l’ouverture des portes, qui n’est pas donné au moyen d’une
sonnerie mais par une fanfare placée sur le toit du porche situé devant
l’édifice (ou s’il pleut, situation fréquente, sous celui-ci). L’air
joué par la fanfare, qui ne dure que quelques secondes, est tiré de
l’acte que l‘on va entendre, j’y reviendrai. La fanfare joue trois
fois, quinze, dix et cinq minutes avant chaque acte, étant donné que
les portes sont définitivement closes à l’heure pile. En général les
gens s’amassent devant le théâtre bien avant l’heure de la fanfare, puis
soit quittent les lieux sitôt l’air joué, soit attendent la seconde
voire la troisième. La règle est que plus on est placé loin des portes
de la salle, moins on écoute les fanfares dehors. Les rangées à Bayreuth
sont en effet continues d’un bord à l’autre de la salle, sans allée de
communication. En général les gens restent debout jusqu’à ce que la
rangée soit complète. Par ailleurs les places sont numérotées en partant
des bords de la salle (contrairement aux salles françaises), sans
séparer les nombres pairs et impairs (avec par contre la mention gauche
ou droite). Comme ma place était numérotée 31 j’ai d’abord naïvement
pensé qu’elle se trouvait près des portes et ai écouté les deux
premières fanfares pour l’Or du Rhin : une grave erreur que je n’ai pas renouvelée.
Lorsque c’est l’heure, une brève sonnerie retentit et les portes sont
fermées, dans un claquement, de l’intérieur. Une manœuvre
traditionnellement effectuée par une armée de blaue Mädchen
(les filles en bleu) dévolues à cette tâche (et qui ensuite
assistent
à tout l’acte depuis une sorte de strapontin). Sauf que, wokisme
oblige,
l’équipe d’ouvreuses est maintenant devenue mixte (une nouveauté me
semble-t-il depuis 2019). L’obscurité se fait immédiatement et le
spectacle commence. On rappelle que l’orchestre est totalement invisible
(au point qu’il m’est arrivé de me demander, au début de l’œuvre, s’il y
en avait vraiment un!). Par ailleurs la salle n’est pas équipée de
surtitrage, comme en France dans ma jeunesse, ou comme en Russie lorsque
j’y ai assisté à un opéra en 1992. C’est peut-être la dernière salle en
Europe dans ce cas. Un mal pour un bien finalement, demandant
certes davantage d’investissement de la part des spectateurs — qui ne s’est pas préparé et ne
connaît pas suffisamment l’ouvrage, risque fort de s’ennuyer pendant le spectacle — mais
apportant in fine un certain
confort visuel et auditif, puis qu’il n’est plus nécessaire de déporter
sans cesse le regard vers le panneau d’affichage.
Le choix des airs joués par les fanfares avant les représentations du
Ring est paraît-il codifié depuis l’époque de Wagner. J’ai essayé de
reconnaître ces airs et j’ai noté ce que j’ai entendu (avec les
tonalités telles que je les ai perçues), sans confronter ce résultat avec une quelconque source sur
Internet. J’en ai aussi filmé quelques-unes, mais pas toutes. En effet
je n’ai pas emporté d’appareil à chaque spectacle, nonobstant le fait
que pour Siegfried et la Walkyrie en particulier, la pluie battante
interdisait d’écouter la fanfare de l’extérieur (j’avais aussi laissé
mon parapluie pour ne pas m’encombrer). Je m’efforçais dans ce cas de me
trouver dans le couloir extérieur du théâtre pour tout de même les
entendre jouer.
(Les extraits musicaux ainsi que les dénominations des leitmotive sont extraits de la page Wikipedia dédiée, complétée de l’ouvrage de
Lavignac et de l’Avant-Scène Opéra).
L’Or du Rhin : thème de l’Or (ut majeur; en sol majeur dans l’extrait musical)
La Walkyrie, acte I : thème de l’Épée, ut majeur. L’un des leitmotive les plus importants du Ring.
Acte 2 : premières mesures de l’acte (il s’agit d’une version dénaturée du thème de l’épée) (la mineur). Pas d’extrait musical.
Acte 3 : le thème de la Chevauchée, bien évidemment (si mineur). Wikipédia
l’appelle « masculinité des Walkyries », une dénomination pour le
moins étrange… pour ne pas dire woke.
Siegfried, acte 1 : thème de Siegfried gardien de l’épée (sol mineur) (l’héroïsme de Siegfried selon Wikipedia)
Acte 2 : appel du cor de Siegfried (fa majeur) (sol majeur dans l’extrait musical)
Acte 3 : thème de la paix, joué en la majeur; nommée appelé l’amour de Brünnhilde par Wikipedia, sa tonalité normale est mi majeur (extrait musical). Ce thème a été réutilisé par Wagner dans Siegfried-Idyll.
Le Crépuscule des Dieux, acte I : la malédiction de l’anneau (sonnant ici en la mineur car commençant par un mi; normalement, commence sur un fa♯ avec une armure de si mineur, et se termine par une sixte napolitaine). Il s’agit d’un leitmotiv omniprésent dans le Ring.
Remarque : le do à la mesure 4 dans l’extrait musical est normalement un do♮
(erreur de Wikipedia, leur extrait audio pousse le vice jusqu’à
reproduire cette faute ce qui est une horreur!). C’est (bien
évidemment) un do naturel qui a été joué à Bayreuth.
Acte II : appel au mariage joué en si♭ majeur. Leitmotiv peu connu dont le thème est ici assez
méconnaissable; dans l’opéra on l’entend plutôt en do majeur. Appelé « les jumeaux » par Wikipedia ce qui à mon avis est une erreur.
Acte III : Thème du Walhalla, ré♭ majeur. Thème introduit dès l’Or du Rhin et lui aussi omniprésent, mais, étonnamment, la fanfare ne le joue que pour l’ultime acte du Ring. Wagner avait fait concevoir (par Adolphe Sax) un nouvel instrument (appelé tuba wagnérien ou tuben), expressément pour jouer ce thème.
Le spectacle du Ring
Pour résumer ce que j’ai vu et entendu à Bayreuth : un spectacle de très grande
qualité au niveau musical; et une catastrophe en ce qui concerne la
mise en scène.
Contrairement à ce que j’avais fait en 2019, je me suis ici procuré
le programme détaillé, lequel à ma grande surprise était trilingue,
allemand, anglais, et français! Ce qui m’a permis de ne rien perdre des
élucubrations du metteur en scène. Toute sa mise en scène se basait sur
une dénaturation du propos du Ring, présentée en début du programme. Le
rapt de l’or par Alberich devenait ici un rapt d’enfant, d’où la
présence de mômes sur scène pendant les deux premiers opus (l’enfant une
fois adulte était censé devenir Hagen). Dans la Walkyrie on a eu droit
une Sieglinde enceinte (n’importe quoi!). La chevauchée des Walkyries
devenait un salon de beauté (enfin façon de parler parce que question
beauté…). Dans Siegfried Fafner était joué par un vieillard grabataire
dans une maison de retraite que Siefried assassinait à un moment sans
sembler savoir pourquoi (comme dans l’ouvrage de Wagner, effectivement). On note
que le Waldvogel (l’oiseau de la forêt) était joué par une jeune et jolie infirmière,
à laquelle
Siegfried faisait d’ailleurs la cour, et qui après être restée muette
une bonne demi-heure se mettait brusquement à chanter.
Peut-être le seul moment poétique de toute cette
mise en scène, enfin la seule partie qui m’a (un peu) plu. Dans le
dernier acte, la personnalisation humaine de Grane (le coursier de
Brünnhilde) par un type à queue de cheval, n’est rien d’autre qu’une pure ineptie.
Mais on garde le pire pour le Crépuscule, avec une dénaturation complète à la sauce woke
de la scène d’adieu entre Siegfried et Brünnhilde (transformée en scène
de ménage aux relents féministes). À la fin de l’acte Siegfried (censé déguiser sa voix) est
carrément remplacé par Gunther, sans doute pour donner quelque cohérence à ces élécubrations dont on
a pourtant depuis longtemps perdu le fil.
L’acte suivant a donné dans le vulgaire
en montrant une fornication entre Siegfried et Gutrune. Mais le pire
avait été réservé pour le dernier acte qui se déroulait dans une
sorte de piscine lugubre (laquelle m’a un peu rappelé l’acte II de Tristan dans ce même lieu),
la scène de chasse étant remplacée par une scène de pêche (quelle idée géniale!)
avant une conclusion dont
tout embrassement du Walhalla
avait disparu, remplacé par la pendaison d’une effigie de Wotan. Ouais.
Il y a quand même eu pas mal de huées dans la salle, pour cela Bayreuth
n’a rien à envier à l’opéra de Paris.
Pour ce qui est de l’interprétation musicale, on a eu une remarquable
performance de l’Américaine Catherine Foster en Brünnhilde dans les journées 1 et 3.
Laquelle a exécuté magistralement (et même avec désinvolture) son Walkürenruf d’entrée en matière pour lequel tout le monde l’attend au tournant. Bizarrement, ce n’était pas elle qui chantait Brünnhilde
dans Siegfried, un rôle pourtant nettement plus bref (peut-être indigne
d’elle?). En tout cas sa remplaçante, Daniela Köhler, était parfaite elle aussi.
Wotan (Tomasz Konieczny) était remarquable aussi, lequel a joué ses trois rôles, tenant
sans problème la distance notamment à la fin de la Walkyrie. J’ai été
moins convaincu par les interprétations de Siegmund (Klaus Florian Vogt)
et de Siegfried (Andreas Schager), qui certes avaient du coffre mais qui ne
chantaient pas toujours très juste. Il y a deux contre-ut dans le Crépuscule (sans compter un troisième facultatif dans Siegfried
sur lequel il a été fait une croix), et manifestement l’interprète
n’était pas capable de le chanter. Enfin la direction d’orchestre par le
chef finlandais Pietari Inkinen, impeccable. On sait qu’à Bayreuth
l’acoustique est particulière et
permet à l’orchestre de ne pas couvrir les voix. Un avantage que l’on
peut apprécier tout au long des représentations… sauf à un moment : la
fameuse chevauchée des Walkyries, qui du coup, apparaît moins percutante que ce à quoi on est habitué.
Bamberg
J’ai mis à profit la dernière journée dépourvue de spectacle (le
mercredi 9 août 2023) pour effectuer une une excursion dans la ville
médiévale de Bamberg. Bamberg est une ville de 80 000 habitants, située
au bord de la rivière Regnitz, à environ 50 km au nord de Nuremberg et
une trentaine de kilomètres (à vol d’oiseau) à l’ouest de Bayreuth. J’ai
choisi cette ville notamment parce qu’il existe des trains directs la
reliant à Bayreuth, en 1h10 environ. Des trains qui ne passent pas par
Nuremberg mais qui contournent le massif de Haute-Franconie par le nord,
au moyen d’une voie unique et non électrifiée (passant par
Neuenmarkt-Wirsberg — où l’on peut apercevoir à quai une antique
locomotive à vapeur, mais je n’ai pas réussi à dégainer assez vite —
puis Kulmbach, Burgkunstadt, et enfin Lichtenfels). J’ai par contre pu
photographier depuis le convoi (au téléobjectif et en roulant!) cette
magnifique église baroque qui semble isolée en pleine forêt. Renseignements
pris, il s’agit de la basilique des Quatorze-Saints (Vierzehnheiligen Basilika), un autre haut lieu (spirituel et) touristique de la région, malheureusement inaccessible sans voiture.
Bamberg (parfois appelée Babenberg en français) est une ville
catholique, siège d’un archevêché, dotée d’une spectaculaire cathédrale du
XIIe siècle flanquée de quatre clochers, ainsi que d’un hôtel de ville du XVIe
siècle bâti sur une île de la Regnitz, magnifiquement décoré. La ville,
inscrite au patrimoine de l’Unesco, a miraculeusement échappé aux
bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. J’ai eu la chance de
visiter la ville sous une météo en voie d’amélioration, avec en
particulier de belles éclaircies l’après-midi.
La gare de Bamberg est située au nord-est de la ville, à une vingtaine de
minutes à pied du centre. J’ai dû franchir le bras principal de la
Regnitz, à cet endroit assez large et canalisée (elle fait partie du
canal Rhin — Main — Danube). Le premier édifice que j’ai visité est
l’église paroissiale (catholique) St. Martin (XVIIᵉ s), située sur la
place du Grüner Markt. On notera la différence de météo entre le
cliché du matin et celui de l’après-midi.
On arrive ensuite très vite au joyau architectural de la ville, son ancien hôtel de ville (Altes Rathaus), bâti entre 1461 et 1467.
L’édifice sert actuellement de musée (un musée de
la porcelaine que je me suis abstenu de visiter). Voici d’autres clichés
de l’hôtel de ville que j’ai pris au cours de mes pérégrinations (en
particulier, à droite, un détail des sculptures du porche).
Comme j’ai eu un peu de temps, dans l’après-midi, pour me balader
dans les ruelles du centre, j’ai ai profité pour rechercher d’autres
ponts traversant le petit bras de la Regnitz, histoire de photographier
l’hôtel de ville sous des angles plus inhabituels. Côté amont, l’édifice
est flanqué d’une maison à colombages (la Rottmeisterhaus)
dont on se demande si elle tient par l’opération du Saint-Esprit.
L’histoire ne dit pas combien de fois elle a été inondée depuis sa
construction.
Direction ensuite la colline où est bâtie la cathédrale, un peu à
l’écart du cœur de ville (dans une configuration qui fait un peu penser à
Prague). Faisant face à la cathédrale (sur la Domplatz), se trouve la Neue Residenz, vaste complexe architectural du XVIIe siècle.
On remarquera qu’il n’y a pas de trottoir sur cette place : seuls des
clous — qu’on ne remarque pas au premier abord — délimitent la
chaussée. C’est assez perturbant (mais les — rares — automobilistes sont
probablement habitués).
Je confesse avoir commis un grave manque dans mon « travail » de
photographe. Je n’ai pas été fichu de prendre un cliché de la cathédrale
sur lequel soient visibles ses quatre tours! Je suis obligé de me
rabattre sur Wikipedia. La honte…
La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Georges de Bamberg, bâtie entre
les XIᵉ et XIIIᵉ siècles, est de style roman tardif et gothique.
Je dois quand même reconnaître que je n’ai pas été tellement subjugué par cette
cathédrale (qui tout chauvinisme mis à part), n’arrive pas à la cheville
de Chartres, d’Amiens ou
de Beauvais, voire de Paris avant l’incendie. Elle
présente toutefois quelque intérêt architectural, notamment en raison de
la présence, déjà mentionnée dans ces lignes, de deux chœurs (l’un roman l’autre gothique). Sous
l’un des chœurs se trouve une crypte dont l’accès est interdit au
public.
On trouve à l’intérieur de la cathédrale quelques ouvrages
remarquables (notamment par leur importance historique), en particulier
le tombeau d’Henri II et de son épouse Cunégonde (Henri II dit le
Boiteux, empereur du Saint-Empire, 973-1024; Sainte Cunégonde, ca 975 - 1033).
Autre ouvrage remarquable, cette statue équestre grandeur nature du XIIIᵉ siècle, le cavalier de Bamberg (der Bamberger Reiter).
Elle représenterait saint Étienne (969-1038), premier souverain
de Hongrie. Également, ci-dessous à droite, cette femme aux yeux bandés,
« allégorie de la synagogue » (je n’ai pas saisi le message).
Encore quelques œuvres photographiées à l’intérieur puis à
l’extérieur de la cathédrale. On retrouve notamment une œuvre de Veit
Stoß, le retable de la Nativité (1523). Les deux portails de la
cathédrale sont dénommés respectivement, portail d’Adam et Ève, et
portail des Princes (Fürstenportal).
J’ai poursuivi ma visite de la ville malgré l’heure du déjeuner (une
manière comme une autre d’éviter la saturation touristique). Ci-dessous la
cour du palais épiscopal (Alte Hofhaltung)
dans laquelle je suis entré brièvement. Elle est entourée de bâtiments
gothiques à colombages. Malheureusement (pour les photos) le soleil
était du mauvais côté.
Direction ensuite la Neue Residenz
dont j’ai déjà parlé, je cherchais une vue panoramique sur la ville.
Mais ce n’est pas le meilleur endroit. On note sur ce vaste édifice la
présence de nombreuses fenêtres en trompe-l’œil.
On aperçoit en arrière-plan de la photo précédente le Michaelsberg
(mont Saint-Michel), où se trouve une vaste église abbatiale qui domine
toute la ville (et dont le caractère quasi-inaccessible fait vraiment
penser, encore une fois, à la cathédrale de Prague). Elle était
malheureusement en restauration au moment de la visible, avec
impossibilité totale d’y pénétrer. mais je me suis tout de même rendu
sur les lieux (ci-dessous deux photos prises en chemin, je suis monté par l’Obere Karolinenstraße).
J’ai tout de même pu accéder à la terrasse attenant à cette ancienne
abbaye bénédictine.
Belle vue sur le cœur de ville et sur la cathédrale
que l’on domine maintenant, partiellement masquée par la Neue Residenz.
Les vignes au premier plan ne laissent pas de susciter des questions,
l’histoire ne dit pas si l’objectif est de rivaliser avec la piquette de
Montmartre.
Retour ensuite vers le centre historique où j’ai trouvé une pizzeria
pour me requinquer un peu. L’essentiel des visites que j’avais
prévues était terminé, mais il me restait encore du temps avant l’heure
de mon train, que je me suis efforcé de tuer en parcourant (encore) les
rues de la ville.
Visite au passage de quelques églises, ici l’église Notre-Dame (ou Obere Pfarre, la haute paroisse). Elle date du XIVe siècle mais a été profondément remaniée au XIXe.
L’église Saint-Étienne au loin (St.Stephan), près de laquelle je me suis ensuite rendu.
Il s’agit d’une église protestante. À droite,
un panneau signalant que le philosophe Hegel a vécu à cet endroit.
Quelques photos prises à proximité de la cathédrale, dont je me suis de nouveau approché sans véritablement y retourner.
Et je terminerai avec cet étrange édifice bâti les pieds dans l’eau. Il semble qu’il s’agisse d’un ancien abattoir (Alter Schlachthof).
Le bâtiment n’est pas signalé dans le Guide vert et Google Maps indique
pour cet endroit « université de Bamberg ». J’imagine tout de même mal
des amphis (voire des AG étudiantes?) se tenir là dedans.